jeudi 6 janvier 2011

Des films qui autrefois m'auraient peut-être ennuyé me touchent aujourd'hui profondément. Ce petit Vincent Sherman, par exemple, old acquaintance, certes moins fort que Mr Skeffington, mérite tellement d'être vu et revu. L'air de rien, c'est très ambigu et d'une grande cruauté. La fin, qui semble anodine, passerait presque pour un happy end, comme celle de Mr Skeffington. Tout rentre dans l'ordre. On comprend même que l'histoire, celle d'old acquaintance, est l'échec artistique d'une romancière à l'eau de rose maniaco-dépressive. (Parce qu'il lui en fallait bien un.) C'est troublant. Se foutrait-on de notre gueule? Bette Davis est grandiose, comme d'habitude. Elle est d'une grande noblesse d'âme. Elle se sacrifie. Et avec quelle élégance. On voit tout par ses yeux. Mais, à la fin, on comprend que tout ceci est la vision maladive de son amie d'enfance insupportable. Elle n'est qu'une pauvre actrice, en somme, comme dirait Hamlet. Une marionnette. Et qui tire les ficelles? L'auteure, la démiurge, son amie d'enfance, possessive, jalouse, ambitieuse, médiocre, capricieuse, ridicule, superficielle, méchante, malade, tellement vide à l'intérieur. Ça laisse un drôle de goût. Mine de rien. Elles se retrouvent, à la fin, les deux vieilles copines, réconciliées, à boire du champagne éventé, on sait qu'elles vieilliront ensemble.

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