mercredi 17 février 2010

Il y a des films qui laissent pantois. C'est le cas des films de Serguei Paradjanov. Ça ne ressemble à rien d'autre. Ça pourrait être de l'art brut. Des collages. Il aimait bien les collages. Il était fou ce Serguei? Ben oui. Sinon, ce serait bien terne, tout ça. Il faut avoir été fou soi-même pour vraiment l'apprécier. Sinon, ça reste extérieur, étranger à soi. Il faut avoir parlé avec les oiseaux, ou les biches, s'être perdu dans son propre reflet. Les chevaux de feu, c'est dans l'âme qu'on les monte. Il faut s'agripper à la crinière et bien serrer les jambes car ce sont les plus sauvages et brûlants des chevaux. Paradjanov, c'était peut-être le meilleur ami de Andrei Tarkovski. Tous les deux étaient fascinés par l'eau. Que d'eau... Il y a toujours de l'eau, dans leurs films... Des choses dans l'eau, sur l'eau... Des visages déformés... Mais peut-être que ce sont là nos vrais visages... Que nous dit l'eau?... Elle s'est noyée, Marichka... Le pauvre Ivan... L'eau fut sans doute le premier miroir de l'homme... C'est dans l'eau que Narcisse fut fasciné par son propre reflet... Autant Tarkovski semble réfléchi, concentré, maîtrisant tout, autant Paradjanov semble être dans une sorte de chaos strié de fulgurances, où seule le grâce fait sens... Car il s'agit bien de cela, de grâce... Quoi d'autre mérite vraiment que l'on se brûle sur de tels chevaux?... Qui n'a pas été sur le point de se noyer et, à cet instant, n'a pris conscience de la splendeur de la vie, de la lumière, là-haut, ne peut vraiment ressentir ce plan... Il faut avoir été fou, au moins une fois, et avoir failli se noyer... et avoir aimé... et perdu son amour...

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