mardi 30 août 2011
vendredi 26 août 2011
Ma lectrice voit des seins partout. Moi, le plus souvent, c'est des crânes, que je vois, de l'os, quand pour elle c'est de la chair. Mais là, pour une fois, aujourd'hui, sans me forcer et même immédiatement, je vois un sein bien rond, avec un gros téton, dans mon café. Parce qu'il faut dire que depuis le début, j'espérais tellement voir des trucs sexuels, dans mon café, des culs, des vulves, des seins. J'en avais marre des crânes, des os, de Thanatos. Je me suis même demandé si je n'allais pas, une fois encore, arrêter le café. En même temps, ce téton, il me semble bien malade, comme s'il avait une tumeur (à midi) et alors ce téton devient une tête un peu grotesque et la tumeur est un œil. Ça se passe dans une caverne, obscure, humide. La lumière, on ne sait jamais si elle vient du dehors ou du dedans. Y a-t-il quelque chose à voir, dehors? (Ce que me dit mon café 7.)
samedi 20 août 2011
lundi 15 août 2011
dimanche 14 août 2011
Parfois, dans la nuit, je me noie. Au début, je pensais que j'étouffais. Mais, en fait, je me noie. Je ne manque pas d'air, c'est plutôt la nuit qui m'a empli. J'ai bu la tasse de nuit bien noire, bien épaisse. J'ai dû aller trop profond, je me dis, là où il n'y a vraiment plus rien. Au début, je croyais que je manquais d'air. Brusquement je m'éveillais, cherchais en vain de l'air, me précipitant même parfois vers la fenêtre. C'était douloureux. Sensation d'être à un instant d'imploser. Big Crunch. Bien des fois je me suis cru mourir, essayant dans la panique d'inspirer alors que j'aurais dû expirer. Maintenant que je sais qu'en fait c'est un trop-plein et non un manque, que j'en ai trop avalé de la nuit et que donc je me noie, je cherche plutôt à l'expulser, la nuit. Alors, soudain assis, conscient de me noyer, moi qui me suis noyé tant de fois, qui suis peut-être même un éternel noyé, plutôt calmement vu la situation, je la vomis, la nuit. (Ce que me dit mon café 4.)
samedi 13 août 2011
vendredi 12 août 2011
J'avais arrêté de boire du café. Parce que mon cœur battait trop fort, n'importe comment, je redoutais l'infarctus sérieusement. Il faut dire que j'en buvais beaucoup. Et du bien fort. Net, j'ai arrêté. Je croyais que ça allait me manquer terriblement, que j'étais caféinomane et pas qu'un peu. Mais non. Je suis passé au thé intégral sans tremblements. Je n'ai plus eu alors de palpitations cardiaques inquiétantes. Mon cœur s'est alors même mis à battre métronomement. De temps en temps, quand même, je m'en buvais un petit... Mais plutôt rarement... Pendant plusieurs années, le café n'a plus circulé dans mes veines quotidiennement. Et puis, l'autre jour, au supermarché, un peu mou, un peu amorphe, je me suis arrêté au rayon café, un peu même zombie, je me suis repassé ma vie depuis que je ne buvais plus de café... J'ai compris alors que le café m'était indispensable, m'avait tellement manqué sans que j'en fusse conscient, qu'il fallait que je m'y remette, régulièrement, au moins un peu, pas des litres comme autrefois, mais un ou deux par jour bien serrés, que mon sang en avait même besoin, qu'il me fallait ce petit coup de fouet de temps en temps, cette substance, et puis comme ça sent bon... Un bon petit café bien serré, ça n'a jamais tué personne... (Ce que me dit mon café.)
Au bout du compte, le seul Dracula, le premier et à la fois l'ultime, c'est lui, c'est Max, c'est Schreck. L'Effroi, Schreck. C'est Nosferatu. Après, ce sera du théâtre, voire de l'opéra, Bela Lugosi, Christopher Lee... Après, on rigole. Parce qu'on a eu tellement peur, on a besoin de rigoler, après, de dédramatiser, de refouler très loin l'Effroi, Schreck, 1922, le muet. Il faut lui trouver un autre visage, surtout, après, un autre corps, le rendre tolérable et même désirable et même de plus en plus érotique, pour oublier l'effroi originel. (Jusqu'au très sensuel Dracula de Coppola.) Dix ans plus tard, 1932, Dreyer aura l'intelligence de ne pas reprendre le roman de Bram Stoker mais Carmilla de Sheridan Le Fanu comme argument de son lancinant Vampyr, qui est avec Nosferatu le plus beau et terrifiant film de vampires. (Ce ne sont pas des films d'horreur, mais d'effroi.) Parce que Dracula avait été incarné définitivement par Max Schreck dans le film de Murnau. Le revoir c'est comme revivre un vieux cauchemar d'enfance, muet, du temps où on n'avait pas encore les mots, où on ne pouvait pas s'échapper. C'est toujours là, enfoui. Ça fout toujours une trouille noire, rampante. On ne sursaute jamais. Mais le malaise est constant. Quelque chose de très froid qui en dedans sinue et vous emplit. Ça sent la vilaine mort, la pourriture sèche, le rat crevé. (Ça me rappelle qu'une fois, il y a bien longtemps, j'ai écrit à une fille (finalement plutôt très vulgaire) qui avait fini (et même peut-être commencé) par m'ignorer : Dracula, c'est moi! Une autre, plus tard, qui n'était pas vulgaire du tout, qui était même dans son genre très distinguée, m'a susurré : mords-moi... Et moi : Tu... tu es sûre?...)
jeudi 11 août 2011
En gros, il roulait du mauvais côté de la route. En face, un camion. Bon. Sauf que c 'est le chauffeur du camion qui trépasse. La blonde? indemne. Lui, après un petit coma, il n'a plus qu'une idée, l'étrangler, la blonde. C'est chouette. En même temps, il l'adore, sa blonde, faut dire qu'elle a certains atouts. Mais parfois ses mains se mettent à trembler. Il a envie de l'étrangler. Ça le prend. Il ne veut pas. Mais il en a tellement envie. Elle, elle est gentille. Elle ne dit presque rien. On dirait que ce n'est pas si grave, si elle se fait étrangler. Lui, quand même, ça le perturbe... Il l'embrasse, tendrement, puis soudain se met à l'étrangler, à mains nues... Elle ne dit rien... Une autre fois, dans la salle de bain, avec une corde à linge... Rien... Stoïque, la blonde... Elle ne se débat pas, ne crie pas... Alors, il arrête... Elle a des marques sur le cou... Mais elle l'aime... Lui aussi, il l'aime, sa blonde... C'est beau, l'amour... Sauf qu'il a envie de l'étrangler... Il rêve même de la couper en morceaux... En plus, elle ne lui a rien fait... Parce qu'on se dit, à certains moments, qu'elle lui a peut-être fait une crasse et qu'elle le mérite alors peut-être, d'être étranglée... Mais non... Tout ça parce qu'il roulait du mauvais côté de la route...
mercredi 3 août 2011
Heureusement, il y a WC Fields. Mine de rien, mines de rien (the bank dick) est un chef-d'œuvre à la gloire du vraiment gros branleur. (Mais avec quel style... Il faut le voir se rincer délicatement le bout des doigts dans un verre d'eau, après son whisky qu'il boit cul-sec, à chaque whisky un nouveau verre d'eau bien claire... Intéressant...) La famille est un enfer. Femme acariâtre. Belle-mère acariâtre. Fille de dix ans qui suit le même chemin. Comme quoi c'est sans espoir. No future. Vite, dehors!... Au bistrot!... Mais comme la même famille devient charmante, quand vient l'argent, le dieu dollar. Comme le gros branleur est estimé, alors, choyé et même peut-être aimé. Sa fille ne lui lancera plus de bouteilles derrière la tête, peut-être. Sa femme ne l'engueulera plus parce qu'il fume dans la chambre. Sa belle-mère ne le traitera plus d'incapable. L'argent fait le bonheur, donc, même si ce n'est qu'un bon coup de peinture sur des murs tout lépreux. Au moins, il aura la paix. Ce qui fait plaisir, c'est que lui n'a pas changé. Il n'a changé que de costume. Autrement, c'est le même, une sorte de timbré débile incurable, un gros branleur qui s'amuse d'un rien et de tous, un homme libre. La réussite, plus ou moins accidentelle, pas franchement en tout cas fruit d'un quelconque labeur, ou d'un quelconque talent, ni même d'une quelconque volonté ou d'un quelconque rêve américain, n'est finalement qu'une péripétie de plus, pour lui, pas une fin. Pas si vulgaire, le gros branleur. Le jeu continue. Vite, dehors!... Au bistrot!